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Sonate au Clair de Lune, nom d'emprunt de la Sonate pour Piano n° 14 en Do Dièse Mineur, op. 27, n° 2, est une œuvre pour piano seul de Ludwig van Beethoven, admirée particulièrement pour son premier mouvement mystérieux, doucement arpégé et qui semble improvisé. La pièce a été achevée en 1801, publiée l'année suivante et créée par le compositeur lui-même, dont l'ouïe était encore convenable mais déjà détériorée à l'époque.
Le surnom de "Sonate au Clair de Lune" remonte aux années 1830, lorsque le poète romantique allemand Ludwig Rellstab a publié une critique dans laquelle il comparait le premier mouvement de la pièce à "un bateau flottant au clair de lune sur le lac des Quatre-Cantons". Beethoven a dédié l'œuvre à la comtesse Giulietta Guicciardi, une aristocrate de 16 ans qui a été son élève pendant une courte période.
La Sonate au Clair de Lune était structurellement et stylistiquement remarquable à son époque. La plupart des sonates de la fin du 17e et du début du 18e siècle se composaient d'un premier mouvement raisonnablement animé et bien défini sur le plan thématique, d'un deuxième mouvement plus discret et d'un mouvement final dynamique. Le Clair de Lune, par contre, offrait un premier mouvement rêveur, un deuxième mouvement un peu plus vif et un dernier mouvement carrément tempétueux. La fureur du final du Clair de Lune était telle que plusieurs cordes du piano ont cassé et se sont emmêlées dans les marteaux lors de la première de l'œuvre. En effet, dans les années où son ouïe déclinait, Beethoven était connu pour jouer d'une main lourde, probablement pour mieux entendre la musique.
Le style général de la Sonate au Clair de Lune était également novateur, comme l'indique le sous-titre Sonata quasi una fantasia (" Sonate à la manière d'une fantaisie "), attribué à l'œuvre par le compositeur lui-même. Le sous-titre rappelle aux auditeurs que la pièce, bien qu'il s'agisse techniquement d'une sonate, fait penser à une fantaisie improvisée et fluide. En effet, les arpèges - le fait de jouer les notes d'un accord de manière séquentielle, ce qui reste un procédé d'improvisation courant au 21e siècle - imprègnent les trois mouvements de la Sonate au Clair de Lune et génèrent finalement les thèmes et les motifs qui constituent le fondement de l'œuvre.